La Lantus®– Premières expériences pendant la grossesse en FranceJe voudrais témoigner de mon expérience concernant la Lantus®. Pour avoir parlé avec de nombreuses mamans ou futures mamans, je sais que nous ne sommes pas encore très nombreuses à avoir utilisé la Lantus® pendant la grossesse. Et pour cause, en France, la Lantus® , insuline à diffusion lente, à durée variable selon les individus (de 20 à 24 h), n’a pas encore reçu l’agrément qui autorise sa prescription pour l’état gravidique.
La Lantus® est utilisée depuis quelques années aux Etats-Unis et a considérablement amélioré la glycémie des femmes enceintes, en particulier la nuit, pendant laquelle les hypoglycémies sont courantes, surtout au cours du premier trimestre. Cette insuline est plus stable, ne fait pas ou presque pas de pic et permet de couvrir les besoins de base de la journée.
La Lantus® est en somme l’équivalent de la basale que fournit la pompe à insuline, à ceci près que la pompe offre davantage de précision, car elle possède plusieurs débits de base différents que le patient peut adapter en fonction des besoins du jour et de la nuit. Dans les deux cas, Lantus® ou pompe, à cette basale, qui couvre les besoins sans manger, s’ajoutent des injections d’insuline rapide, comme les bolus de la pompe, au moment des repas.
Peu de spécialistes prescrivent la Lantus® à l’heure actuelle en France.
J’avais ce traitement avant la grossesse, et quand la nouvelle est arrivée, la diabétologue que je voyais m’a demandé de changer pour la NPH, protocole que j’avais déjà connu. Nous n’avons évoqué l’idée de la pompe que pour la rejeter, car elle m’était tout simplement insupportable et la diabétologue n’était pas acharnée sur le sujet.
Le résultat a viré à la catastrophe en quelques jours. Mon corps n’était sans doute plus habitué aux pics d’action et aux hypoglycémies entre les repas s’est ajouté un phénomène d’hyperglycémie au réveil. Mes horaires de repas et d’injections sont devenus un enfer en quinze jours. Les hyperglycémies, les résultats affreux (alors que mon HbA1c était à 7 % en début de grossesse surprise) et la peur de faire souffrir l’embryon ont rendu cette période très difficile.
Après de multiples recherches sur le net, j’ai appris que le CHU de la Pitié-Salpétrière acceptait ce protocole, l’expliquait par le meilleur équilibre de la mère et le fait que l’insuline ne passait pas la barrière du placenta. Ni une, ni deux, demande de lettre d’introduction auprès du service, rendez-vous dans les 15 jours et rencontre merveilleuse, à trois, avec mon mari et la diabétologue (Merci encore pour cet accueil chaleureux et cette facilité à rendre tout si serein en quelques mots).
La diabétologue m'a represcrit de la Lantus®, et tout est rentré dans l’ordre très vite.
Ensuite, bien sûr, les doses ont beaucoup changé, tendance à baisser au premier trimestre, beaucoup d’hypos, puis les besoins ont graduellement augmenté (ils ont aujourd’hui au huitième mois triplé leur valeur de départ le matin et le soir).
L’injection du soir s’est changée en deux injections, matin et soir, car la Lantus® ne couvrait plus les 24 heures ; l’heure d’injection a aussi changé souvent en fonction des repas, en accord ou sur conseil du médecin. Donc j’avais un total de 5 injections par jour.
Globalement, mes HbA1c ont été très correctes et reflétaient un équilibre glycémique assez stable. Je n’ai pas eu à réapprendre un schéma NPH-rapide qui ne semblait pas bien convenir, ni à utiliser la pompe, tout en obtenant un résultat et un mode de fonctionnement similaires. Pour nous, ce retour à un protocole en place depuis 3 ans a été un soulagement et une grande souplesse pendant cette grossesse.
Encore une fois, rares sont les spécialistes qui préconisent la Lantus®, mais j’espère, pour toutes celles que la pompe rebute, qui ne sont pas allergiques au nombre des injections et qui réagissent bien à cette insuline, que son usage sera généralisé et l’agrément accepté dans les mois ou années à venir.
Les informations sont disponibles sur le site du CHU de la Pitié et je vous transmets les noms des docteurs en privé si vous êtes en région parisienne.